Biographie

PHILIPPE KIEFFER (1899 – 1962)

Philippe Kieffer est né à Port-au-Prince, le 24 octobre 1899, d’un père alsacien professeur de mathématiques et d’une mère commerçante d’origine écossaise.

Après une scolarité primaire brillante au collège Saint-Martial de Port-au-Prince, Philippe Kieffer passe ses années de collège à Jersey. De retour en Haïti, il ne peut être rapatrié en France pour prendre part à la Grande Guerre et ne fera d’ailleurs jamais son service militaire.

Classe de 6ème au college de Jersey (2ème rang en partant du haut, 3ème en partant de la droite)

Il poursuit des études par correspondance auprès d’un établissement américain. Après divers métiers, il entre en 1921 au service de City Bank (qui a racheté la Banque Nationale de la République d’Haïti) dont il devient bientôt inspecteur des succursales sud-américaines et antillaises. Marié en octobre 1921 et bientôt père de famille, il devient en avril 1928 directeur adjoint de la Banque nationale. En 1933, c’est le divorce et sa femme rentre en France. En mars 1939, il décide de tout plaquer et de rentrer à son tour.

En septembre 1939, il est mobilisé comme matelot et affecté à l’état-major de Dunkerque. Breveté interprète en janvier 1940, il rejoint ensuite l’état-major de Cherbourg d’où il s’enfuit pour l’Angleterre le 17 juin. Le 1er  juillet, il est l’un des premiers à s’engager dans les Forces navales françaises libres. D’abord affecté au Courbet, le cuirassé qui sert de dépôt des équipages, il rejoint ensuite l’état-major français de Portsmouth, dont il devient l’officier de liaison et le commandant adjoint en même temps qu’il enseigne l’anglais à l’École navale.

Le matelot Philippe Kieffer, on remarque sur la poitrine l’insigne des Interprètes militaires.

Impressionné par le raid des Lofoten, il décide d’entre- prendre des stages de formation chez les Royal Marines et parvient à convaincre les autorités françaises et britanniques de mettre sur pied un commando français. Il en reçoit les premiers volontaires en janvier 1942. Après leur passage par le terrible camp d’entraînement d’Achnacarry, ils intègrent le N° 10 Commando interallié. Quinze commandos français prennent part au raid de Dieppe en août 1942. La compagnie continue de croître et de se renforcer non sans mal tout au long du conflit jusqu’à devenir bataillon. À l’hiver 1943-1944, l’unité mène des raids de sondage sur les côtes d’Europe occupée.

1st Troup Commando des FNFL

Réorganisée et composée de 177 hommes, elle est intégrée au N° 4 Commando avec lequel elle débarque au matin du 6 juin 1944, secteur Sword Beach, sur la plage de Colle- ville-sur-Orne, avant d’aller libérer Ouistreham puis de s’installer dans les terres, à Amfréville.

Blessé sur la plage, Philippe Kieffer participe pourtant aux combats jusqu’à son évacuation le 8 juin.De retour sur le front, il conduit ses hommes jusqu’à la libération de Paris. Il apprend alors l’exécution de son fils Claude, sergent FFI.

Débarquement de la Troop française à Flessingue en Hollande

Le bataillon débarque à Flessingue, dans l’île de Walcheren, aux Pays-Bas, le 1er novembre 1944, permettant la libération de l’île et le dégagement de l’estuaire donnant accès au port d’Anvers.

La guerre terminée, Philippe Kieffer intègre l’assemblée Consultative. Il devient conseil- ler municipal de Grandcamp-les-Bains et conseiller général du Calvados, mais son échec sous l’étiquette UDSR lors des législatives de juin 1946 le pousse à se retirer.

Démobilisé en septembre, il rentre au service de l’Agence interalliée des réparations et en devient le chef de mission à Berlin en décembre 1947. En janvier 1951, il s’installe à Cormeilles-en-Parisis et est nommé en juillet suivant, chef de la division administration de l’OTAN.

Philippe Kieffer et le réalisateur Darryl Zanuck sur le tournage du film  » Le Jour le plus long »

Très attaché à faire connaître l’histoire de son unité, il publie en 1948 Béret vert et participe en tant que conseiller technique au tournage du film Le Jour le plus long qui sort en octobre 1962 et dans le- quel son rôle est tenu par Christian Marquand.

Il s’éteint le 20 novembre suivant dans sa maison de Cormeilles-en-Parisis et est inhumé à Grandcamp-les-Bains.

Benjamin Massieu

Auteur de la biographie « Philippe Kieffer, Chef des commandos de la France libre » aux éditions Pierre de Taillac.